La renaissance de l’observatoire du mont Aigoual

Depuis 129 ans, l’observatoire du mont Aigoual, dans le département du Gard, observe le climat ! Ce 6 juillet 2023, pour lui, une nouvelle vie va commencer. Pour les visiteurs aussi.

Après quatre ans de travaux, une des deux vigies d’Occitanie (avec le Pic du Midi) a été inaugurée. Une première en Europe pour ce « Climatographe ». Sa visite s’impose tout en bénéficiant, de son sommet à 1567m d’un panorama à couper le souffle : des Alpes aux Pyrénées, du Puy de Sancy à la Méditerranée.

En surplombant la vallée de l’Hérault et son célèbre sentier des 4 000 marches.

Retour sur le passé. L’observatoire, créé en 1894 à l’initiative de Georges Fabre, ingénieur inspecteur forestier dans le cadre d’une double opération, météorologique et Forestière. 68 millions d’arbres plantés par les cévenols. Pour restaurer les terres déboisées par l’agro-pastoralisme et lutter contre les inondations. En même temps, il s’agissait de créer un lieu où seraient observés la nature et ses phénomènes. Dans un lieu où les conditions météo peuvent être extrêmes (-28°C en février 1956 / 29,9°C en juin 2019 / rafales à plus de 300km/h / 600mm de précipitations ou 1,86m de neige en 24h / 10m de neige cumulée pendant l’hiver 1995-96 …).

De cet observatoire, occupé hier toute l’année par des scientifiques, une mine de renseignements a été enregistrée. Données météo mais aussi date du dernier loup aperçu ou celle des premières jonquilles ! A l’heure du réchauffement climatique, la géniale intuition de Georges Fabre reste d’une étonnante nécessité, lui qui affirmait « : « C’est en mettant à la disposition des décideurs les données scientifiques qui leurs font aujourd’hui défaut que les pouvoirs publics les aideront le mieux à discerner les changements qui vont le mieux dans le sens de leurs intérêts et les modes d’action les plus judicieux pour obtenir leur réalisation ». Et depuis lors, de nombreux chercheurs ont œuvré sur le mont, l’observatoire devenant une référence.  

Tout en s’ouvrant au grand public. Exposition sur la météo, à partir de 1985, centre de tests en conditions extrêmes en 1992, musée météo trois ans après, salle d’exposition temporaire et de conférence en 1999.

Et depuis cet été, un centre sur le changement climatique baptisé « Le Climatographe ». Un mot pour désigner la transformation du lieu, de son contenu et de son fonctionnement. D’abord une requalification architecturale réussie, respectant l’esprit de cette sorte de château fort protégeant des sautes climatiques tout en affichant une volonté de faire entrer la lumière.

 

Œuvre de l’agence Navech Architectes, basé à Mende, ayant réalisé l’aire du célèbre viaduc de Millau. Accompagnée par Eric Verrier et Jean-Marc Providence, respectivement scénographe et muséographe reconnus au niveau européen pour la conception d’espaces d’interprétation scientifique et technique. Il restait à Valérie Masson-Delmotte, paléo-climatologue de renommée internationale et membre du GIEC, à présider un comité scientifique riche de chercheurs, climatologues, ingénieurs et géologues.

Donnant naissance à un espace d’exposition entièrement repensé pour fournir des clefs de lecture concrètes aux visiteurs soucieux de comprendre le phénomène de changement climatique et ses conséquences. Avec des outils innovants, interactifs et ludiques, adaptés à tous les âges. Sans négliger le développement de nouvelles activités scientifiques (séminaires, résidence de recherche …).

 

Dix salles à découvrir en prenant le temps. Pour commencer un document audiovisuel sur la reforestation initiée par Georges Fabre, en étant immergé dans un environnement visuel réussi. Cartes IGN physique XXL sur les murs et au sol, hydrographique, géologique et végétale. Suivent des salles sur les paysages, l’histoire du climat. D’autres répondront aux questions inévitables : Le climat, comment ça marche ? Le réchauffement climatique, pourquoi ? Chacun pourra rêver un instant en observant les nuages projetés au plafond en découvrant des petits ou des grands secrets sur eux. Et pour les trois dernières salles, modélisations, scénarios, fresque de la renaissance écologique, impacts prévisibles, aident à imaginer l’avenir en fonction des choix que nous ferons. Laissant des possibilités d’expression aux visiteurs, post-it à l’appui.

Bref, une belle occasion d’enrichir ses connaissances, tout en incitant à la réflexion et à l’action. Aidés par des médiateurs en chair et en os. On pourra regretter qu’après le premier octobre 2023, aucun professionnel de la météo ne puisse témoigner, sur place, du travail à Météo-France. Les habitués du lieu auraient aussi aimé retrouver quelques instruments des époques héroïques de la météo. Qu’ils se rassurent. Il reste de la place près du four à pain au sous-sol, qui témoigne de l’isolement du lieu, quand les scientifiques restaient de longues périodes d’hiver, au milieu des congères !

Aujourd’hui, continueront à fonctionner une station météo automatique de 700m² et un centre d’essai climatique de 850m². Des expositions temporaires sont aussi prévues. De très belles et inquiétantes photos sur les conséquences du réchauffement climatique inaugurent le cycle. Jusqu’à la fin du mois d’octobre. Et, bien sûr, l’exceptionnel climatographe !

Guy Hébert

Pour compléter la visite, la lumineuse boutique, aux offres variées, en tentera plus d’un. Ceux qui ont oublié qu’en montant à 1567m, la météo peut réserver des surprises, y trouveront même des polaires siglées « Mont Aigoual ». Enfin, peu résisteront a la tentation de tester le bar restaurant, dont la vue de la terrasse est unique.

Infos : Climatographe du mont Aigoual 30570 Val d’Aigoual : ouvert tous les jours, de fin avril à la fin des vacances de Toussaint, de 10h à 13h et de 14h à 18h.

Tarif : 9€ et 4€ pour les mineurs de plus de 11 ans.

Autres infos pratiques : https://climatographe.fr

 

11 Aoû 2023 0 comment
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  Guy Hébert
Le Climatographe du mont Aigoual Le Climatographe du mont Aigoual @ photo G.Hébert

Depuis 129 ans, l’observatoire du mont Aigoual, dans le département du Gard, observe le climat ! Ce 6 juillet 2023, pour lui, une nouvelle vie va commencer. Pour les visiteurs aussi.

Après quatre ans de travaux, une des deux vigies d’Occitanie (avec le Pic du Midi) a été inaugurée. Une première en Europe pour ce « Climatographe ». Sa visite s’impose tout en bénéficiant, de son sommet à 1567m d’un panorama à couper le souffle : des Alpes aux Pyrénées, du Puy de Sancy à la Méditerranée.

En surplombant la vallée de l’Hérault et son célèbre sentier des 4 000 marches.

Retour sur le passé. L’observatoire, créé en 1894 à l’initiative de Georges Fabre, ingénieur inspecteur forestier dans le cadre d’une double opération, météorologique et Forestière. 68 millions d’arbres plantés par les cévenols. Pour restaurer les terres déboisées par l’agro-pastoralisme et lutter contre les inondations. En même temps, il s’agissait de créer un lieu où seraient observés la nature et ses phénomènes. Dans un lieu où les conditions météo peuvent être extrêmes (-28°C en février 1956 / 29,9°C en juin 2019 / rafales à plus de 300km/h / 600mm de précipitations ou 1,86m de neige en 24h / 10m de neige cumulée pendant l’hiver 1995-96 …).

De cet observatoire, occupé hier toute l’année par des scientifiques, une mine de renseignements a été enregistrée. Données météo mais aussi date du dernier loup aperçu ou celle des premières jonquilles ! A l’heure du réchauffement climatique, la géniale intuition de Georges Fabre reste d’une étonnante nécessité, lui qui affirmait « : « C’est en mettant à la disposition des décideurs les données scientifiques qui leurs font aujourd’hui défaut que les pouvoirs publics les aideront le mieux à discerner les changements qui vont le mieux dans le sens de leurs intérêts et les modes d’action les plus judicieux pour obtenir leur réalisation ». Et depuis lors, de nombreux chercheurs ont œuvré sur le mont, l’observatoire devenant une référence.  

Tout en s’ouvrant au grand public. Exposition sur la météo, à partir de 1985, centre de tests en conditions extrêmes en 1992, musée météo trois ans après, salle d’exposition temporaire et de conférence en 1999.

Et depuis cet été, un centre sur le changement climatique baptisé « Le Climatographe ». Un mot pour désigner la transformation du lieu, de son contenu et de son fonctionnement. D’abord une requalification architecturale réussie, respectant l’esprit de cette sorte de château fort protégeant des sautes climatiques tout en affichant une volonté de faire entrer la lumière.

 

Œuvre de l’agence Navech Architectes, basé à Mende, ayant réalisé l’aire du célèbre viaduc de Millau. Accompagnée par Eric Verrier et Jean-Marc Providence, respectivement scénographe et muséographe reconnus au niveau européen pour la conception d’espaces d’interprétation scientifique et technique. Il restait à Valérie Masson-Delmotte, paléo-climatologue de renommée internationale et membre du GIEC, à présider un comité scientifique riche de chercheurs, climatologues, ingénieurs et géologues.

Donnant naissance à un espace d’exposition entièrement repensé pour fournir des clefs de lecture concrètes aux visiteurs soucieux de comprendre le phénomène de changement climatique et ses conséquences. Avec des outils innovants, interactifs et ludiques, adaptés à tous les âges. Sans négliger le développement de nouvelles activités scientifiques (séminaires, résidence de recherche …).

 

Dix salles à découvrir en prenant le temps. Pour commencer un document audiovisuel sur la reforestation initiée par Georges Fabre, en étant immergé dans un environnement visuel réussi. Cartes IGN physique XXL sur les murs et au sol, hydrographique, géologique et végétale. Suivent des salles sur les paysages, l’histoire du climat. D’autres répondront aux questions inévitables : Le climat, comment ça marche ? Le réchauffement climatique, pourquoi ? Chacun pourra rêver un instant en observant les nuages projetés au plafond en découvrant des petits ou des grands secrets sur eux. Et pour les trois dernières salles, modélisations, scénarios, fresque de la renaissance écologique, impacts prévisibles, aident à imaginer l’avenir en fonction des choix que nous ferons. Laissant des possibilités d’expression aux visiteurs, post-it à l’appui.

Bref, une belle occasion d’enrichir ses connaissances, tout en incitant à la réflexion et à l’action. Aidés par des médiateurs en chair et en os. On pourra regretter qu’après le premier octobre 2023, aucun professionnel de la météo ne puisse témoigner, sur place, du travail à Météo-France. Les habitués du lieu auraient aussi aimé retrouver quelques instruments des époques héroïques de la météo. Qu’ils se rassurent. Il reste de la place près du four à pain au sous-sol, qui témoigne de l’isolement du lieu, quand les scientifiques restaient de longues périodes d’hiver, au milieu des congères !

Aujourd’hui, continueront à fonctionner une station météo automatique de 700m² et un centre d’essai climatique de 850m². Des expositions temporaires sont aussi prévues. De très belles et inquiétantes photos sur les conséquences du réchauffement climatique inaugurent le cycle. Jusqu’à la fin du mois d’octobre. Et, bien sûr, l’exceptionnel climatographe !

Guy Hébert

Pour compléter la visite, la lumineuse boutique, aux offres variées, en tentera plus d’un. Ceux qui ont oublié qu’en montant à 1567m, la météo peut réserver des surprises, y trouveront même des polaires siglées « Mont Aigoual ». Enfin, peu résisteront a la tentation de tester le bar restaurant, dont la vue de la terrasse est unique.

Infos : Climatographe du mont Aigoual 30570 Val d’Aigoual : ouvert tous les jours, de fin avril à la fin des vacances de Toussaint, de 10h à 13h et de 14h à 18h.

Tarif : 9€ et 4€ pour les mineurs de plus de 11 ans.

Autres infos pratiques : https://climatographe.fr

 

Informations supplémentaires

  • Région: Occitanie
Dernière modification le lundi, 14 août 2023 14:48

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