Le Centre Pompidou célèbre Victor Vasarely

Le Centre Pompidou accueille une nouvelle grande exposition qu’il consacre à Victor Vasarely, du 6 février au 6 mai 2019. “Vasarely, le partage des formes” est une splendide rétrospective à travers trois cents œuvres, dont certaines ont été rarement montrées ou sont même totalement inédites.

 

Le parcours de l’exposition donne à voir et à comprendre, d’une façon chronologique, l’ensemble des facettes de l’œuvre foisonnante du père de l’art optique. C’est, pour le visiteur, une merveille.

Il découvre tous les aspects de l’incroyable production de l’artiste: peintures, sculptures, intégrations architecturales, publicités, couvertures de livres, pochettes de disques, vaisselle, décors…

  

Victor Vasarely (1906-1997) est né et a vécu en Hongrie jusqu’à l’âge de 24 ans. Puis il s’est installé à Paris, en 1930, où il travaillait comme graphiste dans la publicité. Au lendemain de la guerre il s’est consacré pleinement à l’art. Il pratique l’abstraction et s’intéresse particulièrement aux troubles et étrangetés de la vision. Dans le milieu des années 1950, il pose les fondements de ce qui deviendra, dix ans plus tard, l’Op Art ou l’art optico-cinétique qui transforme la peinture en art du temps et de l’espace.

 

 

Les grandes étapes de la démarche de Victor Vasarely

 

Le parcours de l’exposition compte sept étapes, toutes aussi passionnantes les unes que les autres…

 

Les avant-gardes en héritage. Formé à Budapest au Mühely (“Atelier”) de Sándor Bortnyik, ancien élève du Bauhaus, Vasarely apprend à adapter le langage du modernisme à la communication commerciale.

À Paris, il entame une carrière de graphiste publicitaire et décroche de jolis contrats auprès de grandes agences comme Havas, Draeger, Devambez. Ses études plastiques sont déjà marquées par sa conception de la forme si particulière, préfigurant ses futurs travaux. Il met déjà en scène, par diverses techniques illusionnistes, les pièges de la vision.

 

 

 

Sèbres, 1932-1942. Collection HAR. © photo Caroline Paux/PdF 2019

 

 

Géométries du réel. Au seuil des années 50, Vasarely s’inspire des plages et des galets de Belle-Ile-en-Mer, des maisons de Gordes ou des carrelages craquelés du Métro parisien. Les formes adoucies des galets engendreront une série d’œuvres appelée “Belle Île”. Les lignes brisées et les angles aigus du village du Lubéron perché sur son rocher deviendront la série “Gorde”. 

Série Gorde, au centre, Pamir, composition abstraite, 1950-1952. Collection particulière © photo Caroline Paux/PdF 2019

 

Les réseaux de craquelure et les carreaux de céramique de la station de Métro Denfert, inspireront la série “Denfer”.

Pour Vasarely, ces trois lieux sont déterminants dans son passage de l’abstraction.

 

Michel Gauthier, conservateur Série Denfer présente Siris, 1952-1958, collection Lahumière.

 

 

Énergies abstraites. Au début des années 50, les séries “Photographisme” et “Naissances” marquent le passage de l’artiste au noir et blanc. Les contrastes engendrent des phénomènes optiques qui déterminent une perception dynamique. Vasarely cherche à traduire les grandes énergies de l’univers. Les tableaux vibrent, clignotent… et leur perception se fait dans la durée et non l’immédiateté. C’est le début du courant artistique Op art.

 

Série Photographisme, à gauche Llava, 1956, collection Lahumière et à droite, Leyre, 1962, collection Alain et Candice Fraiberger © photo Caroline Paux/PdF 2019

Un espéranto visuel. Dix ans plus tard, l’artiste met au point un “alphabet plastique” constitué d’un lexique de six formes géométriques simples incrustées dans des carrés de six couleurs pures.

Le jeu Folklore planétaire, participation n° 1, 1969 © photo Caroline Paux/PdF 2019

 

Pop Abstraction. Ayant défini, avec l’alphabet plastique, un vocabulaire susceptible de connaître actualisations et déclinaisons diverses, Vasarely œuvre à la diffusion la plus large de ses formes. Il connaît un immense succès populaire dans les années 1960-1970. Ses formes s’affichent partout.

 

 

Couvertures de livres réalisées par Vasarely © photo Caroline Paux/PdF 2019

 

Dans le design, la décoration, les journaux de mode et les vitrines des magasins, sur les couvertures de livres et de magazines, les pochettes de disques et les plateaux de télévision ou de cinéma.

La presse s’empare du phénomène: « On vend du Vasarely au mètre dans les grands magasins ». Ce à quoi Vasarely répond: « Je ne suis pas pour la propriété privée des créations. Que mon œuvre soit reproduite sur des kilomètres de torchon m’est égal! Il faut créer un art multipliable. »

 

Pochette de l’album Space Oddity de David Bowie

 

 

Vers l’architecture

 

Le chantier de la cité universitaire de Caracas offre à Vasarely sa première occasion de concrétiser ses idées sur la façon d’intégrer l’art à la ville, aux côtés de Jean Arp, Alexander Calder ou Fernand Léger. Il a l’ambition d’un art social et d’une “cité polychrome du bonheur” dans la réalisation d’intégrations architecturales. Pour exemple des créations qu’il réalise dans le nouveau bâtiment de la Gare Montparnasse, au siège de la régie Renault, sur la façade de l’immeuble de la station de radio RTL, ou encore dans une salle à manger de la Deutsche Bundesbank à Francfort-sur-le-Main…

 

 

Présentoirs électriques contenant les études sur carton, propositions multicolores sur façades © photo Caroline Paux/PdF 2019

 

 

 

Rêveries cosmiques. Entre science et fiction, le cosmos et ses multiples dimensions offrent le cadre des effervescences formelles du dernier Vasarely. Il s’agit, selon l’artiste, de donner corps aux « mondes qui, jusqu’ici, ont échappé à l’investigation des sens: monde de la biochimie, de l’onde, des champs, de la relativité. » Avec Vasarely, le tableau est tour à tour un vaisseau spatial, une machine à téléporter et un moyen de communication avec les dimensions suprasensibles.

 

 

Vega Pâl, 1969. Acrylique sur toile. Musée Unterlinden, Colmar © photo Caroline Paux/PdF 2019

 

 

Cela faisait 55 ans que l’œuvre de Vasarely n’avait pas été exposée. C’est une fort belle occasion, pour une nouvelle génération (et les autres), de découvrir l’étonnante et prolifique production de l’artiste.

 

Caroline Paux

 

Du 6 février au 6 mai 2019

 

 

Horaires: ouvert tous les jours de 11 h à 21 h, le jeudi jusqu’à 23 h, sauf le mardi et le 1er mai

 

Commissaires de l’exposition: Michel Gauthier, conservateur, service des collections contemporaines musée national d’art moderne, Arnauld Pierre, professeur en histoire de l’art contemporain, Sorbonne Université, assistés de Mathilde Marchand, chargée de recherches au musée national d'art moderne.

 

Chargée de production: Malika Noui

 

Scénographe: Camille Excoffon

 

Musée National d'Art Moderne

Au Centre Pompidou

Place Georges Pompidou

75004 Paris 

06 Fév 2019 0 comment
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  Caroline Paux
Le Centre Pompidou accueille une nouvelle grande exposition qu’il consacre à Victor Vasarely, du 6 février au 6 mai 2019. “Vasarely, le partage des formes” est une splendide rétrospective à travers trois cents œuvres, dont certaines ont été rarement montrées ou sont même totalement inédites.

 

Le parcours de l’exposition donne à voir et à comprendre, d’une façon chronologique, l’ensemble des facettes de l’œuvre foisonnante du père de l’art optique. C’est, pour le visiteur, une merveille.

Il découvre tous les aspects de l’incroyable production de l’artiste: peintures, sculptures, intégrations architecturales, publicités, couvertures de livres, pochettes de disques, vaisselle, décors…

  

Victor Vasarely (1906-1997) est né et a vécu en Hongrie jusqu’à l’âge de 24 ans. Puis il s’est installé à Paris, en 1930, où il travaillait comme graphiste dans la publicité. Au lendemain de la guerre il s’est consacré pleinement à l’art. Il pratique l’abstraction et s’intéresse particulièrement aux troubles et étrangetés de la vision. Dans le milieu des années 1950, il pose les fondements de ce qui deviendra, dix ans plus tard, l’Op Art ou l’art optico-cinétique qui transforme la peinture en art du temps et de l’espace.

 

 

Les grandes étapes de la démarche de Victor Vasarely

 

Le parcours de l’exposition compte sept étapes, toutes aussi passionnantes les unes que les autres…

 

Les avant-gardes en héritage. Formé à Budapest au Mühely (“Atelier”) de Sándor Bortnyik, ancien élève du Bauhaus, Vasarely apprend à adapter le langage du modernisme à la communication commerciale.

À Paris, il entame une carrière de graphiste publicitaire et décroche de jolis contrats auprès de grandes agences comme Havas, Draeger, Devambez. Ses études plastiques sont déjà marquées par sa conception de la forme si particulière, préfigurant ses futurs travaux. Il met déjà en scène, par diverses techniques illusionnistes, les pièges de la vision.

 

 

 

Sèbres, 1932-1942. Collection HAR. © photo Caroline Paux/PdF 2019

 

 

Géométries du réel. Au seuil des années 50, Vasarely s’inspire des plages et des galets de Belle-Ile-en-Mer, des maisons de Gordes ou des carrelages craquelés du Métro parisien. Les formes adoucies des galets engendreront une série d’œuvres appelée “Belle Île”. Les lignes brisées et les angles aigus du village du Lubéron perché sur son rocher deviendront la série “Gorde”. 

Série Gorde, au centre, Pamir, composition abstraite, 1950-1952. Collection particulière © photo Caroline Paux/PdF 2019

 

Les réseaux de craquelure et les carreaux de céramique de la station de Métro Denfert, inspireront la série “Denfer”.

Pour Vasarely, ces trois lieux sont déterminants dans son passage de l’abstraction.

 

Michel Gauthier, conservateur Série Denfer présente Siris, 1952-1958, collection Lahumière.

 

 

Énergies abstraites. Au début des années 50, les séries “Photographisme” et “Naissances” marquent le passage de l’artiste au noir et blanc. Les contrastes engendrent des phénomènes optiques qui déterminent une perception dynamique. Vasarely cherche à traduire les grandes énergies de l’univers. Les tableaux vibrent, clignotent… et leur perception se fait dans la durée et non l’immédiateté. C’est le début du courant artistique Op art.

 

Série Photographisme, à gauche Llava, 1956, collection Lahumière et à droite, Leyre, 1962, collection Alain et Candice Fraiberger © photo Caroline Paux/PdF 2019

Un espéranto visuel. Dix ans plus tard, l’artiste met au point un “alphabet plastique” constitué d’un lexique de six formes géométriques simples incrustées dans des carrés de six couleurs pures.

Le jeu Folklore planétaire, participation n° 1, 1969 © photo Caroline Paux/PdF 2019

 

Pop Abstraction. Ayant défini, avec l’alphabet plastique, un vocabulaire susceptible de connaître actualisations et déclinaisons diverses, Vasarely œuvre à la diffusion la plus large de ses formes. Il connaît un immense succès populaire dans les années 1960-1970. Ses formes s’affichent partout.

 

 

Couvertures de livres réalisées par Vasarely © photo Caroline Paux/PdF 2019

 

Dans le design, la décoration, les journaux de mode et les vitrines des magasins, sur les couvertures de livres et de magazines, les pochettes de disques et les plateaux de télévision ou de cinéma.

La presse s’empare du phénomène: « On vend du Vasarely au mètre dans les grands magasins ». Ce à quoi Vasarely répond: « Je ne suis pas pour la propriété privée des créations. Que mon œuvre soit reproduite sur des kilomètres de torchon m’est égal! Il faut créer un art multipliable. »

 

Pochette de l’album Space Oddity de David Bowie

 

 

Vers l’architecture

 

Le chantier de la cité universitaire de Caracas offre à Vasarely sa première occasion de concrétiser ses idées sur la façon d’intégrer l’art à la ville, aux côtés de Jean Arp, Alexander Calder ou Fernand Léger. Il a l’ambition d’un art social et d’une “cité polychrome du bonheur” dans la réalisation d’intégrations architecturales. Pour exemple des créations qu’il réalise dans le nouveau bâtiment de la Gare Montparnasse, au siège de la régie Renault, sur la façade de l’immeuble de la station de radio RTL, ou encore dans une salle à manger de la Deutsche Bundesbank à Francfort-sur-le-Main…

 

 

Présentoirs électriques contenant les études sur carton, propositions multicolores sur façades © photo Caroline Paux/PdF 2019

 

 

 

Rêveries cosmiques. Entre science et fiction, le cosmos et ses multiples dimensions offrent le cadre des effervescences formelles du dernier Vasarely. Il s’agit, selon l’artiste, de donner corps aux « mondes qui, jusqu’ici, ont échappé à l’investigation des sens: monde de la biochimie, de l’onde, des champs, de la relativité. » Avec Vasarely, le tableau est tour à tour un vaisseau spatial, une machine à téléporter et un moyen de communication avec les dimensions suprasensibles.

 

 

Vega Pâl, 1969. Acrylique sur toile. Musée Unterlinden, Colmar © photo Caroline Paux/PdF 2019

 

 

Cela faisait 55 ans que l’œuvre de Vasarely n’avait pas été exposée. C’est une fort belle occasion, pour une nouvelle génération (et les autres), de découvrir l’étonnante et prolifique production de l’artiste.

 

Caroline Paux

 

Du 6 février au 6 mai 2019

 

 

Horaires: ouvert tous les jours de 11 h à 21 h, le jeudi jusqu’à 23 h, sauf le mardi et le 1er mai

 

Commissaires de l’exposition: Michel Gauthier, conservateur, service des collections contemporaines musée national d’art moderne, Arnauld Pierre, professeur en histoire de l’art contemporain, Sorbonne Université, assistés de Mathilde Marchand, chargée de recherches au musée national d'art moderne.

 

Chargée de production: Malika Noui

 

Scénographe: Camille Excoffon

 

Musée National d'Art Moderne

Au Centre Pompidou

Place Georges Pompidou

75004 Paris 

Informations supplémentaires

  • Région: France
Dernière modification le mercredi, 06 février 2019 16:24

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