Dans le centre-ville de Foix, la façade de l’immeuble « des Cariatides » respire à nouveau. Pris en charge par des mains expertes, l'immeuble classé répondait à des critiques pointus nécessitant la supervision des Bâtiments de France.
La décoratrice Véronique Vialis, spécialiste des ornements décoratifs en plâtre, et Philippe Montoux, son associé, se sont attelés à l'ouvrage.
Objectif : reconstruire la façade à l’identique, en utilisant les techniques les plus proches de celles utilisées il y a près de 200 ans.
La difficulté tenait dans l'aspect final de la restauration : comment faire du neuf avec du vieux tout en conservant l'aspect ancien de la façade !
Mise à plat
Tous les éléments abîmés ou cassés sont éliminés. Certains sont rénovés puis recollés, d’autres entièrement refaits.
Une fois la façade déshabillée, c’est au bistouri, à la brosse à dents et au crochet de dentiste que les restes de peinture et les stigmates de pollution sont retirés.
La chaux Velatura de Socli son aspect naturel et sa patine, remplissait tous les critères. "Un produit vriament idéal car il permet de travailler en transparence." apprécie la décoratrice
« Nous avons commencé par contretyper les teintes d’origine que nous avions mises à nu, en mélangeant des pigments naturels d’origine minérale dans la base de peinture à la chaux de Socli, explique Véronique. La souplesse d’utilisation des peintures à la chaux et leur grande capacité à absorber les pigments ont facilité cette étape délicate. Nous étions aussi certains que la teinte ne bougerait pas dans le temps. Malgré cela, nous avons dû nous y reprendre à plusieurs fois pour obtenir l’aspect “neuf mais vieux” souhaité par l’architecte des Bâtiments de France. »
La dernière étape, la mise en couleur, a été réalisée avec la peinture à la chaux Centri Storici.
« C’est l’artisan stucateur Louis Cassier qui a fait édifier cette maison de maître en 1835, nous raconte Philippe Montoux. Moulures, colonnes en faux marbres, corniches traînées, chapiteaux, il a utilisé toute la palette de son savoir-faire pour faire de sa façade un vrai show-room ! Rien n’est porteur, tout est d’apparat : la structure des poteaux et des poutres est en bois, chemisé en plâtre et recouvert de stuc (chaux et poudre de marbre colorés). Le plus impressionnant sont bien sûr les statues : huit Cariatides entourées de deux Atlantes qui ornent le 2e étage. Auguste Virebent s’en serait fortement inspiré pour réaliser le centre-ville de Toulouse. »
Les dix colonnes et les deux bandeaux en faux marbre ont été patinés. Dorénavant, teintés dans leur juste couleur, la façade et ses éléments sont protégés contre le Temps les bactéries et les moisissures.